Les Lettres Solidaires

Changement climatique et mission humanitaire

Changement climatique et mission humanitaire : pourquoi ces deux enjeux sont indissociables

Lorsque l’on parle d’action humanitaire, on pense souvent aux réponses d’urgence : un cyclone ; un conflit ; une épidémie. Mais derrière l’urgence se cache une cause de plus en plus déterminante : le changement climatique. Pour une ONG comme Caravanes Solidaires, être mobilisée aujourd’hui ne consiste plus seulement à intervenir « après » la catastrophe : c’est aussi anticiper, adapter, agir avant.

Le changement climatique comme moteur de vulnérabilité

Phénomènes extrêmes, intensification des risques

Le changement climatique ne se manifeste pas seulement par une montée lente des températures : il intensifie aussi la fréquence et l’ampleur des phénomènes extrêmes : cyclones, inondations, sécheresses, vagues de chaleur. Selon l’ACAPS, les « extrêmes climatiques » ont poussé à des niveaux crise ou urgence alimentaire plus de 96 millions de personnes en 2024. De plus, plus de 80 % des désastres liés à des aléas naturels entre 2010 et 2020 étaient imputables à des phénomènes comme sécheresse, tempêtes ou inondations.
Ces données ne sont pas abstraites : elles signifient que des populations déjà fragiles se retrouvent plus vite et plus fréquemment en situation d’urgence.

Exemple concret : la Corne de l’Afrique

Dans la région de la Corne de l’Afrique (Éthiopie, Somalie, Kenya), une étude de Center for Strategic and International Studies (CSIS) montre que la sécheresse prolongée s’inscrit dans un contexte de vulnérabilité accrue : les moyens de subsistance dépendent des ressources naturelles, les institutions sont fragiles, les conflits présents.
Ainsi, l’aléa climatique ne s’ajoute pas à un contexte neutre : il opère dans un système déjà fragilisé. Ce qui était autrefois un choc ponctuel devient une crise quasi-permanente.

Une crise humanitaire de plus en plus climatique

L’United Nations affirme que « la crise climatique est une crise humanitaire ». Autrement dit : l’augmentation des besoins humanitaires ne peut plus être isolée du contexte climatique. On passe d’un modèle « une catastrophe = une réponse » à « une dynamique de crise permanente = adaptation + résilience ».
Par exemple, dans un rapport de l’International Committee of the Red Cross (ICRC) : « 3,6 milliards de personnes vivent dans des zones fortement vulnérables aux aléas climatiques ».

Pourquoi la mission humanitaire est directement concernée

L’urgence accrue : plus de vulnérabilité, plus d’interventions

Lorsque le climat fragilise les foyers, on voit croître les besoins : eau contaminée, accès limité à l’alimentation, déplacement de populations, saturation des infrastructures de santé. Un rapport montre que les travailleurs humanitaires eux-mêmes sont confrontés à des défis supplémentaires : routes coupées après une tempête, chaînes logistiques interrompues, vulnérabilité sanitaire accrue.


Pour une ONG sur le terrain : cela signifie que chaque mission doit être repensée sous le prisme « climat ».

Le financement et les stratégies changent

Les bailleurs humanitaires le reconnaissent : la déclaration de l’European Commission (« Déclaration des bailleurs de l’aide humanitaire sur le climat et l’environnement ») rappelle que « plus de 80 % des catastrophes des vingt dernières années avaient un lien avec le climat ».
Cela veut dire : les stratégies de l’ONG doivent intégrer la dimension climatique (prévention, réduction de risques, infrastructures résilientes) et les financements doivent évoluer.

Exemples concrets de terrains où le climat redéfinit l’action humanitaire

Le Sahel et la malnutrition des enfants

Dans le Sahel (Mali, Burkina-Faso, Niger, Tchad, Sénégal, Mauritanie) : plus de 6,9 millions d’enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition aiguë ; la situation est aggravée par des températures records (45 °C+) et des récoltes faibles.
Résultat : l’ONG humanitaire ne peut plus seulement fournir des sachets de nutrition : elle doit aussi envisager comment renforcer les systèmes agricoles, l’irrigation, la résilience des petits producteurs.

Inondations, déplacement et santé : exemple Mozambique/Asie

Le rapport de MSF (« A hostile climate… ») raconte comment après un cyclone, l’accès aux zones isolées s’est effondré (ponts effondrés, équipes bloquées).
Cela illustre que le changement climatique affecte non seulement le besoin mais la capacité de réponse. Ainsi, une mission doit intégrer : plan B logistique, stockage local, partenariats avec les communautés locales.

Réfugiés et changement climatique

Le plan climat de l’UNHCR montre que des camps de réfugiés sont eux-mêmes vulnérables aux aléas (inondations, vents violents) : l’un des projets : « Make Minawao Green Again » au Cameroun : reboisement, énergie propre, formation.
Pour une ONG comme Caravanes Solidaires : cela signifie que les interventions doivent aller au-delà de « soigner » ou « nourrir », elles doivent aussi participer à la construction de la résilience des communautés.

Enjeux & défis : ne pas tomber dans le piège d’un « climat-blâme »

Il est essentiel de garder un regard nuancé :

  • Le changement climatique n’est pas la seule cause des crises humanitaires : conflits, instabilité politique, pauvreté extrême entrent en jeu. Cependant, il est un amplificateur majeur.
  • Le secteur humanitaire se heurte à des limites : financement, capacité de réponse, coordination. Plusieurs rapports mettent en garde contre un système d’aide dépassé.
  • La transition vers une aide « climat-informée » nécessitera des ressources, de la formation, et un changement de paradigme : de l’urgence vers la prévention.

Le lien entre changement climatique et mission humanitaire n’est plus secondaire : il est fondamental. Pour une organisation comme Caravanes Solidaires, cela signifie que votre vision, vos messages, vos actions doivent intégrer cette réalité :

  • un monde en mutation rapide où les vulnérabilités sont amplifiées par le climat,
  • une aide qui ne peut plus être seulement réactive,
  • et une responsabilité de solidarité mondiale (et spirituelle) renouvelée.
 

En bref : agir pour l’humain, c’est aussi agir pour la planète — et agir pour la planète, c’est défendre l’humain.

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