Au Yémen, un jour donc, on était sur Aden, on était à l’hôtel sur Aden et le matin même, notre équipe, donc locale, était partie en distribution dans les faubourgs de Aden et nous on était resté on avait des rendez vous prévus à l’hôtel avec d’autres ONG Internationales et les combats ont éclaté et il s’est fait que l’hôtel était entre les deux positions. Un groupe armé dans la position haute ici au dessus de l’hôtel et l’autre groupe de l’autre côté de l’hôtel.
Donc, depuis le matin à 5 h, à l’heure de la prière du matin, ça a commencé ; le combat était violent en fait, à coup d’armes type Kalashnikov. Et aussi, vous savez, les grosses mitrailleuses qu’on trouve à l’arrière des pick up et autres. C’était assez assez violent, donc on avait interdiction de sortir de l’hôtel. Quand c’est comme ça, généralement ça dure deux ou trois jours.
Ou alors, c’est des combats qui font rage. On ne peut pas sortir mais pour autant on avait notre équipe, on la savait sur le terrain et quand c’est comme ça, bah ça, ça combat dans toute la ville. Et donc on a voulu sortir, mais la direction et la sécurité de l’hôtel nous en a empêché. C’est des portes, des portails blindés, donc on pouvait pas sortir.
Et puis il y a eu une accalmie, donc on a négocié avec le chef de la sécurité qui nous a laissé sortir à nos risques et périls. Donc on a pris le véhicule et on est sortis. Et à peine on est sorti, peut être dix minutes après, les combats ont repris très violemment, mais on a réussi à rejoindre notre équipe, qui était en plus constituée notamment de deux femmes dont une docteure.
Et on a pris l’équipe, on les a mis dans la voiture et on a refait le chemin inverse. Donc en essayant d’éviter les zones de combat. Et arrivés à 500 mètres de l’hôtel à peine, donc là où ça s’affrontait le plus violemment, les combats avaient vraiment repris de plus belle. Donc au premier checkpoint, ils ont voulu nous stopper, mais on a foncé en arguant par la fait « qu’on allait à l’hôtel, on allait à l’hôtel, on allait à l’hôtel ».
Mais ils nous ont pris pour cible et plus on a avancé vers l’hôtel… là, c’était des tirs de kalashnikov, donc malheureusement ça on le reconnaît maintenant. Et après des tirs de mitrailleuses plus lourdes qui ont eu lieu juste au moment où on arrivait devant le portail de l’hôtel. En fait, ça mitraillé de partout, partout, partout, jusqu’à temps que la sécurité de l’hôtel a ouvert le portail et qu’on a pu rentrer.
Et tout ça dans… comment je vais vous dire ? Je sais pas si c’était du sang-froid ou de l’inconscience tout ça, mais je vous assure qu’avec la Docteure et puis les deux autres bénévoles, on rigolait en fait pendant tout ça ; parce que les nerfs, certainement. Et voilà, mais on était bien contents d’arriver et d’être safe à l’intérieur de l’enceinte de l’hôtel.
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