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1 - Les débuts de notre ONG Caravanes Solidaires

C’était au début du conflit en Syrie, donc elle souhaitait qu’on fasse un don à une association. Je n’étais pas du tout réseaux sociaux et donc elle m’a fait voir vers quelle association elle souhaitait envoyer ce don. Donc en me faisant découvrir – c’était Facebook à l’époque essentiellement – et puis je trouvais que ça manquait énormément de transparence en fait. Et j’avais peur de ne pas savoir justement où allait et pour qui allait être attribué ce don.

Donc, de par les expériences passées et le réseau que j’avais autour de moi, plutôt que de faire ce don à une association, j’ai préféré qu’on monte un projet en fait avec des proches. Il s’agissait donc de collecter autour de nous et que je me rende directement, moi, en Syrie, avec les ambulances qu’on avait acheté, les véhicules qu’on avait acheté, le matériel qu’on avait collecté et les fonds qu’on avait collecté afin de les remettre directement au bénéficiaire.

Donc à partir de là, l’idée de Caravanes Solidaires est née, mais avec encore une fois comme objectif à la base de pas du tout monter une ONG, mais de simplement de faire une première mission en Syrie. Donc on a commencé à collecter le matériel et le financier au mois de juin 2013, puis ça a pris un petit peu de temps avant que les gens ne mettent un engouement un peu particulier à soutenir cette mission.

Et on a réussi à partir donc tout début janvier 2014, pour une première mission avec des gens que j’avais, des amis proches autour de moi et d’autres, des gens que je connaissais moins. Quand nous nous sommes rendus à cinq, destination la Syrie. Alors bien évidemment, au vu de la situation à l’époque en Syrie, on ne savait pas du tout où on mettait les pieds.

2 - Un voyage plein d'espoir

Malgré mes expériences de voyage, c’était forcément la première fois où on se destinait à aller vers un pays en zone de guerre, avec toute l’appréhension que cela implique bien évidemment, pour nous, pour l’équipe et pour nos proches. Et très honnêtement, tous les gens avec qui nous sommes partis, on avait tous en tête qu’on n’allait pas revenir en fait.

Mais on était vraiment motivé, arrivés à un certain âge, après avoir – je ne vais pas vous dire – faire le tour de la vie, mais en fait, l’envie d’aider était bien plus forte que le reste et la nécessité en voyant toutes ces images d’enfants qui… énormément d’orphelins qui souffraient à l’époque de malnutrition et qui se mouraient sous les bombes et, de pouvoir aider cette enfance-là nous paraissait bien plus noble que de continuer à poursuivre de simples buts, de nourrir nos propres familles et de rester dans une existence somme toute bien confortable.

Donc c’est avec cette idée et ce leitmotiv en fait que nous sommes partis sur place en Syrie, donc vraiment pour aider les enfants sur place. Donc on avait pris contact avec des médecins syriens de France qu’on avait parmi nos amis qui nous ont de fil en aiguille emmené vers des contacts sur place. Donc on a pris la route avec à l’époque deux ambulances, un poids lourd et on a fait partir en même temps un container d’aide humanitaire.

Donc on est parti, on a traversé la France puis l’Italie pour arriver au port de Trieste et mettre nos véhicules sur le bateau destination Mersin dans le sud de la Turquie. Et on est parti en Slovénie. On a pris un avion et on a décollé donc pour Istanbul où on a rencontré les premiers contacts turcs et syriens sur place qui devaient nous aiguiller pour nous ouvrir la voie pour arriver en Syrie.

3 - La réalité nous rattrape

De là donc, on s’est rendu ensuite à Mersin, on a récupéré nos ambulances et puis notre poids lourd et on s’est dirigé vers la frontière syrienne avec l’idée qu’on allait pouvoir rentrer facilement. Tout ceci, c’était avant l’existence même de Daesh. Donc ça explique un petit peu plus la situation géopolitique à l’époque, qui était plus simple que ça ne l’a été par la suite. En fait, arrivés à la frontière, donc seule la personne qui avait le passeport turc a pu rentrer.

Nous on s’est fait recaler, on n’a pas eu droit de rentrer, on s’est fait éjecter manu militari de nos véhicules. Donc on a cherché notre porte d’entrée en fait par un autre réseau d’auteurs syriens par lesquels on a essayé une première tentative par des jeunes passeurs qui, bien qu’on le sentait, que ces gens là étaient bien trop jeunes pour pour arriver à nous faire, à nous faire rentrer.

On a essayé de suivre ça. On s’est retrouvés au milieu d’un champ en fait, avec comme consigne de la part des docteurs syriens de traverser ce champ et de courir. Et quand que juste en face de nous, dans 500 mètres, c’était la Syrie, ce qui était impossible puisqu’il y avait des militaires de partout. Donc on a vu un premier point d’ouverture qui se faisait puisqu’à l’époque ils laissaient sortir quand même beaucoup les familles syriennes.

Donc on a vu à un endroit comme ça, entre les entre les check points où les Syriens arrivent à sortir. Donc on a décidé d’essayer de passer par ce point là. Donc on s’est fait stopper par les militaires turcs avec lesquels on a essayé de négocier. Et puis ça a été une fin de non-recevoir assez violente. Donc on a fait demi tour et puis on a recontacté les docteurs syriens qui ont essayé de nous trouver un autre point de passage et il s’est fait qu’au final, dans la nuit, avec l’aide de passeurs, on a réussi à rentrer en Syrie en passant par les égouts en fait.

4 - Une voie quelque peu rocambolesque

Alors ça peut paraître rocambolesque comme histoire, mais il faut savoir que c’est des voies, que des ONG bien plus grosses que la nôtre suivaient également puisque c’était le seul moyen de de rentrer en Syrie pour pouvoir apporter les aides. Donc voilà, c’était la nuit, une nuit pluvieuse. Avec, vous pouvez imaginer des barbelés, des gardes, des chiens, des maîtres chiens, beaucoup d’armes, alors que ce n’est pas un environnement avec lequel on est habitué.

Et tant bien que mal, donc on on a réussi à trouver cette bouche d’égout par laquelle on est passé, on a crapahuté, on va dire 200 mètres à peu près, mais qui nous paraissaient être une éternité, forcément, jusqu’à voir la lumière au bout du tunnel. Puis le passeur nous a dit de courir. C’était une dune. On a monté la dune, on l’a escaladée et on a fait un roulé boulé au dessus des barbelés qui se trouvaient en haut de la dune.

Et une fois qu’on a dévoilé cette dune de l’autre côté, voilà, on nous a souhaité la bienvenue en Syrie.

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